En 2017, selon l’INSEE, 21,4 % des enfants de 0 à 18 ans dans l’unité urbaine de Tours sont immigrés ou enfants d’immigrés d’origine extra-européenne. Ce chiffre illustre un phénomène désormais structurant pour la ville et ses environs : une jeunesse profondément diverse, qui transforme le visage démographique de l’agglomération et interroge les politiques publiques locales.
Une génération née autour de 2008
L’âge moyen des 0–18 ans étant d’environ 9 ans en 2017, la majorité de ces jeunes sont nés autour de 2008. Ils sont le produit de flux migratoires installés depuis les années 1990–2000, venus principalement du Maghreb, d’Afrique subsaharienne et de Turquie.
Mais il faut aussi compter les petits-enfants d’immigrés, dont les parents sont eux-mêmes nés en France dans les années 1980–1990. Bien qu’ils ne soient plus comptabilisés comme « enfants d’immigrés » dans les statistiques, ils participent pleinement à cette diversité. En réalité, la proportion de jeunes d’origine extra-européenne à Tours est donc supérieure aux 21,4 % affichés.
Une répartition territoriale contrastée
La carte met en lumière des écarts marqués entre quartiers :
- Le cœur de l’agglomération, à Tours et Joué-lès-Tours, affiche des proportions élevées, souvent supérieures à 25 %, atteignant même localement les 30 %. Ces zones regroupent de grands ensembles de logements sociaux et des quartiers populaires comme les Rives du Cher ou La Rabière.
- Les communes voisines comme Fondettes, Chambray-lès-Tours ou Saint-Pierre-des-Corps se situent dans une fourchette intermédiaire, entre 10 % et 20 %.
- À l’inverse, les communes plus périphériques, notamment au nord-est et au sud de l’agglomération, affichent des taux inférieurs à 10 %, voire proches de 5 %, marquant une séparation nette entre centre populaire et périphérie résidentielle plus aisée.
Cette géographie illustre une polarisation socio-spatiale classique : une concentration de la diversité dans les zones urbaines denses, face à une homogénéité plus marquée dans la couronne périurbaine.
Des défis éducatifs et sociaux
Cette jeunesse multiculturelle, dynamique et nombreuse, constitue un atout pour l’avenir de Tours. Mais elle est aussi confrontée à plusieurs obstacles :
- Inégalités scolaires : dans certains collèges classés REP ou REP+, la proportion d’élèves issus de l’immigration dépasse les 40 à 50 %, entraînant des défis linguistiques et sociaux.
- Précarité socio-économique : chômage plus élevé des parents, conditions de logement difficiles, accès limité aux réseaux de mobilité sociale.
- Sentiment d’exclusion : malgré leur naissance en France, une partie de ces jeunes perçoit un fossé entre leur réalité quotidienne et l’idéal républicain d’égalité.
Les pouvoirs publics locaux, notamment à travers la Politique de la ville, tentent d’y répondre par des programmes d’accompagnement scolaire, d’insertion professionnelle et de rénovation urbaine.
Conclusion
Avec plus d’un enfant sur cinq d’origine extra-européenne, Tours fait partie de ces villes françaises où la diversité n’est plus marginale mais structurelle. La carte de 2017 montre une jeunesse concentrée dans certains quartiers, mais appelée à jouer un rôle croissant dans l’équilibre démographique et politique de la ville.
