La carte actualisée de l’INSEE pour l’année 2017 montre que 22,8 % des enfants de 0 à 18 ans dans l’unité urbaine de Rennes sont immigrés ou enfants d’immigrés d’origine extra-européenne. Cette moyenne place Rennes parmi les métropoles françaises les plus marquées par la diversité d’origine de leur jeunesse, à l’image de villes comme Lille, Strasbourg ou Grenoble.
Mais au-delà de la moyenne, la carte révèle une forte disparité territoriale, ainsi qu’un ancrage démographique structurant et appelé à se renforcer dans les années à venir.
Des enfants nés autour de 2008, reflet d’un changement durable
Il est important de préciser que cette donnée concerne les enfants de 0 à 18 ans en 2017, dont l’âge moyen est d’environ 9 ans. Cela signifie que la grande majorité d’entre eux sont nés autour de l’année 2008, et que la proportion indiquée reflète donc la structure des naissances extra-européennes d’il y a environ 15 ans.
À cela s’ajoute une dimension moins visible mais essentielle : les petits-enfants d’immigrés. Les enfants nés autour de 2008 peuvent avoir pour parents des individus nés vers 1998-2000, soit la seconde génération de l’immigration installée en France dans les années 1980–1990. Ces enfants ne sont pas comptabilisés comme enfants d’immigrés dans les statistiques de l’INSEE, mais ils participent pleinement à la diversité ethnoculturelle de la jeunesse rennaise.
Autrement dit, la proportion réelle d’enfants d’origine extra-européenne à Rennes (au sens large) est probablement bien supérieure aux 22,8 % indiqués, en particulier dans les quartiers les plus concernés.
Un cœur urbain à plus de 30 %, une périphérie très contrastée
La carte montre une forte concentration dans Rennes intra-muros, notamment dans les secteurs sud et ouest, avec des taux supérieurs à 30 % dans certains quartiers (zones en bleu foncé), comme Le Blosne, Villejean, ou encore Saint-Jacques-de-la-Lande. Ces zones concentrent une population jeune, souvent logée en habitat social, avec une forte proportion de familles issues de l’immigration maghrébine, subsaharienne ou turque.
Les communes proches comme Bruz, Chantepie ou Cesson-Sévigné affichent des taux situés entre 15 % et 25 %, marquant une extension graduelle de cette diversité en première couronne.
À l’inverse, Pacé, Saint-Grégoire, Thorigné-Fouillard ou les zones plus rurales au nord-est présentent des taux inférieurs à 10 %, signalant une séparation socio-résidentielle nette entre les zones populaires du centre et la périphérie aisée.
Une jeunesse plurielle, des enjeux éducatifs et sociaux majeurs
Cette concentration de la diversité dans certains secteurs soulève des défis éducatifs et sociaux :
Mixité scolaire fragile, avec certains établissements dépassant les 50 % d’élèves issus de l’immigration (au sens large).
Inégalités territoriales dans l’accès à l’emploi, à la réussite scolaire ou aux loisirs.
Tensions politiques et identitaires, dans un contexte national de crispation sur les questions migratoires.
Conclusion : une ville en transformation silencieuse
La carte de 2017 révèle une jeunesse rennaise déjà profondément diversifiée, avec plus d’un enfant sur cinq d’origine extra-européenne, voire bien plus si l’on tient compte des petits-enfants d’immigrés. Cette réalité, bien que visible sur le plan démographique, reste pour l’instant peu représentée dans les sphères médiatiques et institutionnelles locales.
Pour aller plus loin : Les quartiers perdus de Rennes (3222) LA FRANCE EN FACE par Christophe Bugeau – YouTube
