Le groupe BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), étendu en 2024 à plusieurs nouveaux pays sous l’appellation « BRICS+ », pèse désormais près de 35 à 36 % du PIB mondial en parité de pouvoir d’achat. Banque de France+2Banque de France+2 Cette montée en puissance économique, démographique et monétaire suscite une interrogation : la France, puissance moyenne occidentale, devrait-elle adhérer à ce bloc, s’en rapprocher ou au contraire rester en dehors ?
Les atouts d’une association ou d’une adhésion
D’abord, un alignement avec les BRICS offrirait à la France un accès renforcé à des marchés émergents à forte dynamique de croissance, ce qui peut stimuler les exportations françaises et diversifier les partenaires commerciaux. Ensuite, la dimension monétaire est pleine d’enjeux : le bloc envisage une plus grande autonomie vis-à-vis du dollar américain, ce qui pourrait offrir à la France une plateforme de coopération monétaire alternative. Wikipédia+1 Enfin, sur le plan géopolitique, la France gagnerait en influence dans un monde multipolaire en affirmant une autonomie stratégique, au-delà de ses alliances traditionnelles. Sputnik International+1
Les limites et les risques
Pour autant, des limites sérieuses doivent être prises en compte. Le groupe BRICS malgré son poids affiché demeure hétérogène, et sa capacité à imposer une monnaie alternative crédible ou à coordonner efficacement ses membres reste limitée. Banque de France+1 Rejoindre ce bloc pourrait aussi affaiblir la position de la France au sein de l’Union européenne ou de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord, risquant de compliquer ses relations avec ses partenaires occidentaux. Par ailleurs, intégrer les BRICS sans une réforme budgétaire profonde ou avec une dette publique excessive risquerait d’affaiblir la crédibilité de la France sur son volet économique.
Scénario euro ou sortie de l’euro
Un facteur clé du choix français est son maintien dans la zone euro. Si la France reste dans l’euro, elle dépend des politiques de la banque centrale européenne et du cadre monétaire européen : l’adhésion aux BRICS pourrait compliquer ce double alignement. En revanche, si la France était éjectée ou se retirait de l’euro — hypothèse extrême liée à une crise de dette massive — alors rejoindre ou s’associer aux BRICS deviendrait une option plus crédible : une nouvelle monnaie de réserve ou un partenariat BRICS pourrait alors atténuer la perte de l’euro. Mais cette voie comporte des risques considérables : perte de crédibilité, forte instabilité monétaire, et diminution de l’attractivité financière du pays.
Que faire ?
La France pourrait envisager une associations sélective : sans adhérer pleine et entière aux BRICS, elle pourrait développer des partenariats commerciaux et financiers ciblés avec des membres du bloc, tout en restant dans l’euro. Cela permettrait de profiter des marchés émergents sans compromettre son rôle européen. Un tel « best-of » pourrait offrir une balance entre ouverture et stabilité. En revanche, une sortie de l’euro pour rejoindre les BRICS serait une option radicale, aux conséquences imprévisibles pour la dette, le change et la souveraineté.
Conclusion
Rejoindre les BRICS, s’en rapprocher ou rester à l’écart : ce choix engage la France sur des axes stratégiques, monétaires et économiques. Dans le cadre actuel — euro, dette élevée, relation avec l’Europe transatlantique — l’option la plus pragmatique semble être un rapprochement sans adhésion pleine. Mais si la France venait à sortir de l’euro ou à subir un choc de dette majeur, l’adhésion ou l’association aux BRICS deviendrait beaucoup plus pertinente — et beaucoup plus risquée. La question n’est donc pas seulement « faut-il rejoindre », mais « dans quelles conditions », et « à quel moment ».
