Une ville jeune et dynamique, mais en profonde mutation démographique
En 2017, selon France Stratégie, 29,6 % des jeunes de 0 à 18 ans vivant dans l’unité urbaine de Montpellier étaient des enfants immigrés ou enfants d’immigrés d’origine extra-européenne.
Ce taux, déjà élevé, place Montpellier parmi les métropoles les plus diversifiées du pays — derrière Orléans (33 %) mais devant Toulouse (24,7 %) ou Rennes (22,8 %).
Autrement dit, près d’un jeune sur trois à Montpellier grandissait alors dans un foyer où au moins un parent était né hors d’Europe.
Mais ce chiffre ne dit pas tout : il n’inclut pas les petits-enfants d’immigrés, c’est-à-dire les enfants nés de parents déjà français mais issus de l’immigration. Ces « troisièmes générations », désormais nombreuses, échappent totalement à la statistique. Leur présence réelle rend la part de la jeunesse extra-européenne nettement sous-estimée.
Une génération née autour de 2008, issue des migrations des années 1990-2000
L’âge moyen des jeunes de 0 à 18 ans étant d’environ 9 ans en 2017, la plupart sont nés autour de 2008.
Cette cohorte est en grande partie issue des familles arrivées à Montpellier durant les années 1990 et 2000, venues du Maghreb, de l’Afrique subsaharienne, du Proche-Orient et de l’Asie du Sud-Est.
Ces familles se sont durablement installées dans la métropole, notamment dans les quartiers populaires et les communes du sud et de l’ouest, où elles contribuent au fort dynamisme démographique local.
Ainsi, la diversité montpelliéraine n’est plus seulement liée à des migrations récentes, mais à une transmission générationnelle stable : ce sont désormais les enfants et petits-enfants des premières vagues migratoires qui structurent la jeunesse actuelle.
Une dynamique démographique en nette accélération
Depuis 2017, cette tendance s’est accentuée.
À l’échelle nationale, les naissances d’origine extra-européenne ont progressé d’environ 29 % entre 2008 et 2023, selon les estimations de l’INSEE et de France Stratégie.
Or, Montpellier se distingue par une natalité plus forte que la moyenne française et une population particulièrement jeune.
Tout laisse donc penser que la progression y est supérieure à la moyenne nationale.
En projection, la proportion des enfants d’origine extra-européenne pourrait aujourd’hui atteindre ou dépasser 38 à 40 % parmi les nouveau-nés de la métropole.
Montpellier devient ainsi un exemple emblématique de diversité générationnelle auto-entretenue, où la croissance démographique repose désormais sur les naissances des deuxièmes et troisièmes générations.
Une répartition spatiale contrastée
La carte montre des écarts marqués :
- Montpellier intra-muros et les communes proches comme Lattes, Villeneuve-lès-Maguelone ou Saint-Jean-de-Védas présentent des taux compris entre 25 et 35 %.
- Les zones périurbaines plus résidentielles, telles que Mauguio, Saint-Gély-du-Fesc ou Lunel, affichent des proportions plus faibles, souvent inférieures à 10 %.
Cette géographie traduit une segmentation sociale persistante, entre un cœur urbain très jeune et multiculturel et une périphérie plus homogène.
Conclusion : une jeunesse française, diverse et structurante
En tenant compte des petits-enfants d’immigrés, la part réelle des jeunes d’origine extra-européenne à Montpellier dépasserait sans doute 40 %.
Cette jeunesse, française pour l’immense majorité, symbolise la transformation démographique durable d’une ville à la fois jeune, attractive et contrastée.
Le défi pour Montpellier sera désormais de transformer cette diversité en cohésion, en veillant à l’équilibre scolaire, territorial et social d’une génération qui incarne déjà l’avenir de la métropole.
