La carte de l’unité urbaine de Toulon, fondée sur les données de 2017, met en évidence la part des enfants immigrés ou enfants d’immigrés d’origine extra-européenne parmi les 0-18 ans. À cette date, la moyenne de l’unité urbaine s’établit à 13,9 %, un niveau nettement inférieur à celui observé dans d’autres métropoles du Sud comme Nice ou Marseille. Mais cette moyenne, comme souvent, masque des réalités territoriales très contrastées et doit être relue à la lumière d’un élément central : l’âge moyen de cette population renvoie aux naissances autour de 2008.
Une géographie sociale marquée mais contenue
La répartition spatiale montre une concentration plus élevée dans le cœur urbain et certaines communes de première couronne. Toulon centre, La Seyne-sur-Mer et La Garde présentent des niveaux compris entre 15 % et 25 %, avec des pics localisés dans les quartiers les plus populaires ou à forte densité de logements collectifs. Ces secteurs accueillent une population plus jeune, plus modeste socialement, et historiquement plus ouverte aux flux migratoires récents.
À l’inverse, les communes résidentielles et littorales — Le Pradet, Carqueiranne, La Londe-les-Maures, certaines parties de Hyères — affichent des taux nettement plus faibles, souvent inférieurs à 10 %, voire entre 0 et 5 %. On y retrouve une population plus âgée, plus aisée, et une natalité plus faible, ce qui limite mécaniquement la présence des jeunes issus de l’immigration extra-européenne.
Ainsi, Toulon se caractérise par une ségrégation spatiale modérée, moins marquée que dans les grandes métropoles, mais néanmoins bien réelle entre centre populaire et périphérie résidentielle.
L’effet générationnel : des jeunes nés autour de 2008
Les enfants recensés en 2017 avaient en moyenne 9 à 10 ans, ce qui correspond à des naissances autour de 2008. Cette précision est essentielle, car elle permet de relier les données locales à l’évolution nationale des naissances.
Au niveau national, la part des naissances d’origine extra-européenne est passée de 24,8 % en 2008 à 30,3 % en 2023, soit une hausse de plus de 5 points en quinze ans. Cette progression est structurelle : elle résulte à la fois de l’immigration, de la dynamique démographique propre à ces populations et d’un différentiel de fécondité persistant.
Les jeunes observés à Toulon en 2017 appartiennent donc à une génération moins diverse que celles qui suivent.
Une augmentation probable depuis 2017
Si l’unité urbaine de Toulon a suivi une trajectoire comparable à la moyenne nationale — même avec un léger décalage dû à son profil plus âgé — alors la part des jeunes d’origine extra-européenne a nécessairement augmenté depuis 2017. Les enfants nés après 2010, aujourd’hui collégiens ou lycéens, appartiennent à des cohortes où la proportion extra-européenne est sensiblement plus élevée.
Cela implique que :
- la moyenne de 13,9 % observée en 2017 est aujourd’hui probablement dépassée,
- les quartiers déjà situés entre 15 % et 25 % ont vu ces proportions progresser,
- et que même certaines communes jusqu’alors peu concernées commencent à être touchées par cette dynamique, via le renouvellement générationnel.
Conclusion
La jeunesse toulonnaise d’origine extra-européenne doit donc être analysée comme une réalité en expansion, portée par des générations plus récentes que celles observées sur la carte de 2017. Toulon reste en deçà des grandes métropoles méditerranéennes, mais l’évolution nationale des naissances indique clairement que la structure démographique locale est en train de changer. La génération née autour de 2008 n’en était que le prélude.
Toulon : ses quartiers dangereux : https://www.youtube.com/@ChristopheBugeau
