La structure démographique de la jeunesse nîmoise, observée à travers la répartition des enfants immigrés ou enfants d’immigrés d’origine extra-européenne, révèle un paysage urbain marqué par de profondes différences territoriales. La carte issue des données de 2017 permet d’approcher la trajectoire de la génération née autour de 2008, aujourd’hui âgée d’environ seize ans. Ces jeunes ont grandi dans une ville moyenne du sud où les contrastes sociaux et spatiaux demeurent particulièrement visibles, façonnant leur quotidien, leur environnement scolaire et leurs perspectives.
La moyenne de l’unité urbaine indique qu’un peu plus d’un jeune sur cinq (environ 21 %) est enfant d’immigrés extra-européens. Mais cette moyenne masque un phénomène central : la forte concentration de ces populations dans les quartiers du centre et dans plusieurs secteurs populaires de la ville. Autour du cœur de Nîmes, les teintes violettes de la carte expriment des proportions comprises entre 20 % et 30 %, témoignant d’une diversité importante inscrite dans les quartiers les plus anciens ou les plus densément habités. Cette configuration correspond à des zones où le logement social est plus présent, où les familles disposent de revenus plus modestes et où l’histoire migratoire est plus ancienne et continue.
À l’inverse, la périphérie nîmoise dessine un tout autre visage. Les communes et quartiers en couronne — Caissargues, Milhaud, Marguerittes, Rodilhan ou encore les secteurs pavillonnaires du sud et de l’ouest — présentent des taux nettement plus faibles, souvent entre 5 % et 15 %. Ces espaces résidentiels, plus homogènes socialement, concentrent des ménages de classes moyennes et affichent une diversité démographique beaucoup plus limitée. Certaines zones, notamment rurales, sont même signalées en gris sur la carte, en raison d’effectifs insuffisants pour une diffusion statistique.
Ce contraste marqué entre centre et périphérie constitue l’un des traits structurants de la géographie sociale nîmoise. Il renvoie à une dynamique observée dans de nombreuses villes moyennes du sud de la France : un cœur urbain plus populaire et plus diversifié, entouré d’une couronne résidentielle plus homogène. Nîmes se distingue néanmoins par l’intensité de cet écart, probablement accentuée par la fragmentation historique de ses quartiers et par la présence de poches urbaines parmi les plus précarisées du pays.
Pour la génération née vers 2008, ces différences ont joué un rôle structurant. Les jeunes qui ont grandi dans les quartiers du centre ont évolué dans un environnement de grande diversité culturelle, mais souvent dans un contexte de fragilité économique ou d’offre scolaire moins favorisée. En périphérie, les parcours se sont déroulés dans des cadres résidentiels plus stables, mais aussi plus homogènes d’un point de vue social et culturel. Ainsi, alors que les établissements scolaires du centre accueillent des publics très mélangés, ceux de la périphérie reflètent davantage la composition sociale du périurbain pavillonnaire.
Depuis 2017, les tendances nationales suggèrent une légère augmentation de la diversité dans la plupart des villes moyennes. Il est donc probable que les quartiers déjà situés au-dessus de 25 % aient vu ces proportions progresser, tandis que la périphérie est restée globalement stable. La jeunesse nîmoise d’aujourd’hui apparaît ainsi comme une génération particulièrement contrastée, à l’image d’une ville où se côtoient des mondes sociaux très différents, parfois éloignés de quelques centaines de mètres seulement.
