La question du retour d’un service national obligatoire ressurgit régulièrement dans le débat public français. Entre le Service National Universel (SNU) déjà expérimenté et les propositions de rétablir un service militaire de 10 mois, plusieurs pistes émergent. Parmi elles, un modèle pourrait séduire par sa simplicité et son efficacité : le système suisse, fondé sur une courte formation initiale et un engagement de réserve sur plusieurs années. Mais un tel dispositif serait-il applicable en France, et à quel coût ?
Un modèle court et opérationnel
Le modèle helvétique repose sur une idée simple : trois mois de formation initiale, suivis de périodes de réserve régulières durant plusieurs années. La formation permet d’acquérir des compétences militaires de base, mais aussi des savoir-faire utiles à la société civile : secourisme, gestion de crise, logistique, discipline collective, cyberdéfense. La réserve assure ensuite le maintien d’un niveau opérationnel.
Transposé en France, un tel système pourrait concerner 50 000 jeunes par an, volontaires ou sélectionnés selon des critères précis (aptitudes, motivation, équilibre social et territorial). L’objectif serait double : renforcer les capacités de défense et développer une force de secours et de soutien mobilisable en cas de catastrophe naturelle, crise sanitaire, cyberattaque ou menace sécuritaire majeure.
Quel coût pour l’État ?
L’un des enjeux majeurs concerne naturellement le financement. En se basant sur une indemnité journalière équivalente à celle d’un sapeur-pompier volontaire – environ 70 euros par jour –, le coût de rémunération d’un participant atteindrait 14700 euros pour 210 jours de service (90 jours initiaux + 120 jours de réserve à raison de 30 jours par an sur 4 ans).
À cela s’ajouteraient les dépenses d’équipement, de formation et d’encadrement, estimées à 5 000 euros par personne. Pour une cohorte de 40 000 participants, la facture totale atteindrait environ 788 millions d’euros par an, à comparer avec le budget actuel de la défense qui est de 50 milliards en 2025.
Une telle organisation offrirait des capacités militaires et civiles bien supérieures à celui du SNU, en permettant de disposer d’une réserve de 200 000 hommes. Tout en restant réaliste du point de vue budgétaire.
Un investissement plutôt qu’une dépense ?
Ce surcoût pourrait être justifié par les bénéfices attendus :
- renforcement de la résilience nationale en cas de crise ;
- création d’un réservoir de main-d’œuvre formée mobilisable rapidement ;
- transmission de compétences valorisables dans la vie professionnelle ;
- consolidation du lien armée-nation ;
- revitalisation du civisme et du sentiment d’appartenance.
À l’inverse, certains soulignent les difficultés logistiques : disponibilité des infrastructures, capacité de formation des armées, gestion administrative d’une vaste réserve, ainsi que les interrogations sur l’adhésion sociale.
Les débats restent ouverts. Mais une chose est sûre : face aux crises actuelles, la France cherche à renouer avec une idée simple mais puissante — former une jeunesse capable de faire face, solidaire, utile, et prête à servir en cas de besoin.
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